mercredi 22 mai 2019

Col du Calvaire @



De retour aux cols Reste le mystère du pourquoi on a donné ce nom à ce col. La montée ne sera pas une raison une fois qu'elle n’est pas trop pénible. Néanmoins quand j’y suis passé le 6 août 2017 ça ma fait réfléchir. Au soir en méditant sur le sujet j’ai écrit dans mon carnet : quand je pense au vrai Col du Calvaire, c’était dans ce mont à Jérusalem que Jésus Christ a passé de la vallée de la Vie vers la vallée de la Mort, par amour pour tous. D’abord, il était avec son Père aux cieux et dans le plan sublime de Dieu il savait depuis la création que l’homme aurait besoin de franchir ce col. Par lui même il ne trouvera jamais les moyens de le faire. 

Croix en grès des Vosges
"Reconstructa anno sancto 1950"
Le passage depuis la vallée de la désolation vers la vallée de la vie... nous ne trouvons qu’un moyen pour le franchir : c’est en regardant le Fils de Dieu, en l’acceptant personnellement comme Seigneur. Après, la route est ouverte. Une magnifique route pavée d’un tapis de première qualité, avec une excellente signalisation. Nous ne pouvons pas manquer le prochain contour, la prochaine montée. Tout est parfait. Restons dans le chemin, suivons les infos et voilà qu'on arrivera en sécurité. Est-ce qu’il y a des dangers ? Bien sûr. Est-ce qu'on peut faire une chute ou faire une sortie ? Evidemment. 

Pierre d'hommage aux Alpins
morts le 13 août 1914
Mais les promesses de Dieu sont pour toujours. Une d’elles se trouve dans le psaume 121 : Je lève mes yeux vers les montagnes. D’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Eternel, qui a fait les cieux et la terre. Il ne permettra point que ton pied chancelle ; Celui qui te garde ne sommeillera point. Voici, il ne sommeille ni dort, Celui qui garde Israël. L’Éternel est celui qui te garde, L’Éternel est ton ombre à ta main droite. Pendant le jour le soleil ne te frappera point, ni la lune pendant la nuit. L’Éternel te gardera de tout mal, Il gardera ton âme ; L’Éternel gardera ton départ et ton arrivée, dès maintenant et à jamais.




Coordonnées
Col du Calvaire  48° 8'10.89"N  7° 5'17.08"E

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mardi 21 mai 2019

Albert Schweitzer @

Statue en grès des Vosges surplombant Gunsbach


À la suite du tour en Alsace, les choses de guerre sont remplacées par les choses philosophiques et humanitaires d'Albert Schweitzer. Dans un endroit sympathique, je trouve un peu de détente à côté d'une statue du prix Nobel qui surplombe sa terre d'affection, Gunsbach.

Fils distingué de l’Alsace Médecin, philosophe chrétien, écrivain, musicien, anthropologue et aussi pasteur protestant. Il ne sera  pas de trop d’ajouter un des grands spécialistes de Bach qu'il a compris et a joué en excellence. Pour couronner tout ça, en 1952 il reçoit le Prix Nobel de la Paix. Avec son épouse Hélène ils font un duo extraordinaire avec leur cœur pour l’Afrique, notamment le Gabon où ils ont fondé des hôpitaux et une Mission. Leur vie est pleine des faits extraordinaires mais aussi de vicissitudes: pendant la Grande Guerre, ils sont fait prisonniers en arrivant d'Afrique à Bordeaux et envoyés dans un camp de concentration aux Pyrénées. Le fait d'être Alsaciens leur donne la couleur de l'ennemi (à l'époque l'Alsace était annexée à l'Allemagne depuis 1870). Plus tard à l'aube de la Deuxième Guerre Mondiale et en comprenant que la guerre s'approchait, Schweitzer part en Afrique et avec soulagement Hélène le rejoint.
           
Collection d'objets africains du musée de Schweitzer
À notre arrivée à Gunsbach, tout de suite on voit le bon moment qui nous accueille, une exposition sur les œuvres artistiques d’Hélène avec une bonne information sur le couple distingué. Une dame sympathique prend la relève dans l'exposition où une bonne collection d’artefacts africains remplit une ancienne classe d'école. Avec fierté, elle me raconte avoir connu la secrétaire d'Albert Schweitzer et que c'était elle qui a fait la collection et à la fin de sa vie a legué au espolio du musée du philosophe chrétien.

Arrivée en Afrique Quand finalement ils partent en Afrique l’arrivée les laisse impactés. Nous embarquons sur l’Alembe, un bateau à vapeur à fond plat pour remonter le fleuve Ogooué à travers une végétation luxuriante jusqu’au lieu-dit : Lambaréné. Puis nous montons dans un canoë qui nous emmène à la mission. Notre nouvelle maison est couverte de feuilles de palme. La vue est ravissante. Un village africain en paillotes se situe près du fleuve aux reflets d’argent. Au loin, nous distinguons une chaîne de montagnes, derrière nous, la colline est plantée d’orangers, de citronniers, de bananiers ainsi que de caféiers, le tout entouré par la forêt vierge. Albert s’exclame : « Peut-on rêver d’un endroit plus poétique ! » Après le souper… nous sommes rentrés chez nous. Le lit est infesté par une demi-douzaine de cancrelats et une immense araignée. Nous nous en débarrassons avant de nous installer sous la moustiquaire. (Journal d’Hélène)

Hélène et Albert Schweitzer
Hélène complète l’humaniste et il laisse le savoir, Inconsciemment j’ai dû rêver qu’une femme comme toi entrerait dans ma vie, avec ses grandes et graves pensées, d’une certaine âpreté, comme un accord en do majeur. Un sourire naît dans mon visage accompagnant les notes et pensées de Schweitzer. Il est aussi un homme grave et austère mais avec un grand cœur. Tout près de la statue d’un écrivain pensif, une plaque laisse son impression : c’est là-haut que taillé dans la pierre, je voudrais pouvoir accueillir mes amis, c’est là qu’ils voudront bien avoir une pensé pour moi, c’est là qu’est née ma philosophie culturelle. C’est là que j’ai compris Jésus en son temps. C’est là que je me sentais totalement chez moi.

Maison d'Albert Schweitzer
Le philosophe réfléchit sur les questions de la révélation de Dieu et à un moment donné il paraît qu’il se contredit pour finalement se trouver un peu plus tard. Tous les problèmes de la religion se ramènent finalement à un seul : le Dieu qui se révèle en moi est différent de celui que je discerne dans l’univers. Il m’apparaît dans l’univers comme une force créatrice mystérieuse et merveilleuse, et se révèle en moi comme une volonté éthique. Dans le monde il est une force impersonnelle, en moi il se révèle comme personnalité.  C’est vrai que le Dieu de l’Univers est une force au-delà même de notre complète compréhension. Néanmoins il est totalement personnel parce que tout simplement Dieu souhaite avoir une relation avec chaque être humain.

Eglise d'Albert Schweitzer
Le pasteur protestant ose parler des béquilles de la foi aux miracles qui ne conditionnent pas seulement le christianisme. On peut entendre des voix disant : surtout n’enlevez pas au peuple sa foi aux miracles. Gardez les difficultés en travers du chemin, contournez-les et évitez tout scandale. Ne lui enlevez surtout pas ses béquilles. Mais pourquoi devrait-il en être ainsi ? Si nous vivons effectivement au sein d’une génération tellement irréfléchie et de si peu de foi, il est de notre devoir moral de lui enlever les béquilles et de répéter toujours à nouveau : « Le christianisme se situe au delà  de la foi aux miracles »

L'exposition sur le couple Schweitzer
Il nous laisse réfléchir à ce Jésus qui se fait contraire de sa condition divine, pour être complètement humain mais sans abandonner sa nature parfaite d’un Fils de l’Homme qui veut toucher l’être humain. Il vient à nous comme un inconnu, au nom ignoré, comme au bord du lac il vint à ces hommes qui ne savaient pas qui il était. Il prononce les mêmes paroles : Suis-moi ! Et nous désigne les tâches qu’il veut accomplir en notre temps. Il commande. Et à ceux qui lui obéissent, aux sages et aux simples, il se révélera en une communion de paix, de labeur, de luttes et de souffrances. Dans un mystère ineffable, ils connaîtront qui il est.

À l'entrée de l'exposition
J’avais un an quand Schweitzer a trouvé l’adresse finale en 1965. Le médecin trouvait les douleurs de l’homme face à son indifférence à la vie au dehors de la chair. L’immortalité qui ne serait qu’un remède contre le chagrin n’est pas la vraie. Elle est aussi peu incrustée dans la pensée des hommes qu’une peinture à l’eau sur un mur, délavé par la première pluie. Mais, ce qu’il y a de certain, c’est qu’il y a en nous quelque chose d’impérissable, même quand notre corps se détruit, qui continue à vivre et à agir partout où passe l’esprit, parce que ce quelque chose vit et agit déjà en nous maintenant, dès que notre âme, dépassant l’idée de la mort, s’est ouvert à la vraie vie.


Coordonnées
Maison de Albert Schweitzer -  48° 2'46.56"N  7°10'21.66"E
Eglise de Gunsbach -  48° 2'48.17"N  7°10'30.17"E


Quelques oeuvres d'Hélène Schweitzer-Bresslau




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dimanche 19 mai 2019

Les frères Ludwig @



Les deux frères Ludwig, natifs d’Eguisheim, 
près de Colmar. Victor porte l’uniforme français
et Albert l’uniforme allemand.
Voilà mon dernier article sur la Grande Guerre de cet été 2017. Quand je faisais des recherches dans la bibliothèque de l’Abri de Guerre à Uffholtz en Alsace je suis tombé sur les frères Ludwig, natifs d’Eguisheim, près de Colmar. Bon qu’est-ce qu’il y a de particulier parmi les deux Alsaciens ? Victor porte l’uniforme français et Albert l’uniforme allemand. On pourrait se demander par quel nom d’une pipe c'est arrivé. Quelle culture, quelle influence pour les diverger dans les deux directions opposées ?

Selon l’auteur et généalogiste Jean-Luc Beaucarnot, dans Nos familles dans la Grande Guerre il laisse l’idée que les deux frères se sont « séparés » naturellement. Victor, l'aîné né en 1876 (6 ans après la défaite de la France contre la Prusse) a pris l’influence de son père qui, comme lui, avait refusé l’annexion, disant « mon père a combattu dans l’armée française en 1870, je ferai le même ».  Néanmoins on reste sans savoir pourquoi Albert, cadet de deux ans, a choisi l’armée allemande. On pourra inférer qu’au contraire de son frère, qui était parti à Paris en 1911, Albert a continué en Alsace et éventuellement et naturellement s’est fait mobiliser par les Allemands. De son côté Victor « il sera incorporé en 1914 au 12e régiment de Ligne, et montera au front, faisant un temps dans la boue des tranchées, avant de passer dans le Haut-Doubs, au service du contrôle postal. » Beaucarnot  continue disant que les deux Alsaciens se sont rencontrés chez eux et qu'au lendemain de l’Armistice, ils se sont fait le cliché, le 12 novembre 1918. « L’Histoire n’avait plus besoin d’eux et, eux n’avaient pas besoin d’elle. Le cliché semble avoir été pris de façon complaisante, pour la presse de l’époque et dans la volonté générale d’apaisement, même si le regard du soldat prussien semble plus fier et un rien crâneur, mais qui ne saurait être autre, chez celui incarnant ici l’armée vaincue. » 

Voilà l'esprit des alsaciens divisés au milieu par contrainte ou volonté propre à choisir se mobiliser ou se réfugier ailleurs pour ne pas confronter son propre sang https://myafricatwinxrv750.blogspot.com/2019/05/la-borne-frontiere-n111.html. Les histoires des familles divisées qui comme les Ludwig ont choisi des camps différents ont eu des fois des résultats bien différents des deux frères. Ceux-là ont finalement été choisis pour représenter une union paisible après la guerre et comme Beaucarnot suggère, éventuellement ils ont gardé les deux uniformes dans le même coffre au grenier.


Joyeux Noël (2005) de Christian Carion
Confraternité avec l’ennemi ? De la Grande Guerre arrivent aussi des histoires de fraternisation entre soldats alliés et allemands. Le film « Joyeux Noël » de Christian Carion retraite un événement qui a pris place en décembre 1914 quand le prince allemand Wihelm a envoyé un chanteur de l’opéra de Berlin en visite au front.
Le film commence par montrer la perspective de la propagande en utilisant des enfants dans une classe en plein « lavage cérébral ». À la fois, un français, un anglais et finalement un allemand. Le message c’est que l’ennemi est inhumain, méchant, un vrai monstre. Un envahisseur qu’on a besoin de détruire. L’idée de « let’s got them or they’ll come after us » (allons les chercher avant qu’ils nous avalent)… le vieil adage de propagande justificateur d’autant de guerres. Mais l’extraordinaire arrive : on arrête la guerre pour fraterniser dans ce Noël qui nous a unis, avec un Sauveur commun.

Mais de nouveau je reviens à la même blague de l’article https://myafricatwinxrv750.blogspot.com/2019/05/la-borne-frontiere-n111.html

L'écossais, l'allemand et le français

On arrête la guerre
 On pourrait rajouter une autre ligne dans l’histoire comique : "maman m’a dit de stopper la guerre pour aller boire un verre avec l’ennemi", ou "hé, 
les gars, je viens vous annoncer qu'on va vous bombarder à 15 heures, pourquoi vous ne venez pas chez nous?" Blague ou non c'est dans cet esprit que Christian Carion a conduit son film. Mais finalement arrêter la guerre, même que pour quelques heures c’est une trahison. C’est une trahison aux autres camarades qui continuent à faire la guerre quelques kilomètres à côté dans la ligne ; c’est une trahison aux généraux qui veulent que vous continuiez à verser votre sang inutilement ; c’est une trahison à votre drapeau qui veut que vous preniez les régions perdues ; c’est enfin une trahison à tous les ennemis de la paix, de la convivialité, du partage, de l’acceptation de l’autre qui est diffèrent ; c’est à la fin une trahison au système qui transforme toujours les guerres en marchés très lucratifs où l'incontournable appétit que les nations ont de s'agrandir, soit de territoire, soit de richesses.

Les écossais jouent Adeste Fidelis
« Joyeux Noël » montre que finalement nous sommes tous des hommes, avec des photos de ceux que nous aimons, fils d'une mère à qui nous manquons, d'un père qui nous attend, d'une sœur qui veut nous retrouver.
Des voix s’élèvent en chantant musiques communes à tous les chrétiens. Des instruments prennent la place du grondement des canons, des explosions des obus, du déchiqueter des mitrailleuses. La chanson de Noël qui transforme le conflit en une œuvre périssable. La guerre s’arrêtera un jour. Le chant de Noël reste pour toujours.

Oeuvre de l'artiste André Vedel en hommage
à son grand-père victime dans la guerre 14-18

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Krakow jewish culture delight

Kazimierz July 5 2019. Going through Poland we went to the second city of the country, Krakow. Like in Prague the Jewish quarter is ...