My Africa Twin XRV 750: Le collet de l'horreur @

Guerre en montagne Dans ma quête pour les dark places rapportant la première guerre mondiale en Alsace j’ai été impressionné pour les événements arrivés en montagne. La guerre de position en montagne contrarie la conception traditionnelle de la guerre de tranchée. En fait, les Allemands qui ont « récupéré » (le verbe change selon le point de vue) l’Alsace et la Lorraine en 1870 défendaient leur territoire avec des bonnes structures de béton armé et de plusieurs lignes défensives. Le combat pour acquérir ces positions a été une action suicidaire, surtout si on regarde les pentes pour y accéder.

Vue depuis un bunker avec ouverture métallique

La France pris l’élan de la guerre mondiale pour courir après les départements perdus en 1870 avec la défaite dans la guerre franco-prussienne. Pour les généraux gaulois les défis étaient substantiels et ils considéraient la prise des crêtes vosgiennes stratégique et fondamentale. De leur côté, les Allemands n’avaient pas la moindre intention de les abandonner.

Montée ouest du Linge - D11.6

Nous avons monté le collet du Linge à 987 m et j’ai trouvé, au sommet, un musée bien conçu et la zone des tranchées, bunkers transformée en zone de recueillement.

La montagne du Linge a été plateau d’un des combats de montagne les plus meurtriers de la Grande Guerre. Les combats ont démarré le 20 juillet 1915. Ici 17’000 jeunes Français et Allemands ont laissé leur vie. Plusieurs d’eux ont laissé leur vie de garçon et sont devenus hommes. Ces pentes vers le sommet ont été champ de bataille d’une guerre sanglante.

La résistance des lignes
défensives allemandes

Mais pourquoi entreprendre une mission impossible? La grande différence entre un bon et un mauvais général ce n’est pas seulement la préparation et la connaissance stratégique ou militaire, la clairvoyance d’une situation de guerre, mais la façon comme il se met dans la peau des soldats dans le front de bataille. C’est le problème de toutes les batailles. Est-ce que la lourde perte des français dans cet endroit a été justifiée par l’objectif de ces généraux ? Regardons ce qu'a dit le commandant Seguin de Reyniès le 22 juillet 1915 au sujet des aménagements défensifs des Allemands:

L’attaque d'aujourd’hui est la cinquième que nous faisons pour nous emparer du Linge. Cinq attaques. Sept jours de combat ou de canonnade. Près de douze bataillons de chasseurs usés. C’est beaucoup pour une pauvre crête boisée de 700 mètres de longueur.

On peut sentir l’inquiétude et la profonde frustration du commandant par ce qu’il dit ensuite :

Fil barbelé qui perdure depuis 100 ans

Voilà le résultat d’une attaque contre des fils de fer intacts. Ceux qui veulent s’entêter sur de tels procédés seront responsables de tout le sang inutilement versé. Ces attaques d’infanterie contre des grillages me font l’effet d’un monsieur qui voudrait enfoncer une grille à coups de seaux d’eau. La plus belle eau ne fera pas une brèche. Il paraîtrait fou de gaspiller pour cela un liquide précieux. C’est pourtant ce qu’on fait avec le sang de l’infanterie.

J'admire la frontalité et le ton audacieux du commandant Seguin de Reyniès. Dans ma perception, le général qui a lancé l’offensive au Linge était un mauvais soldat. Tous les livres de stratégie militaire qu’il a lus ne l’ont pas guidé dans le chemin du bon sens. Cent ans plus tôt, le grand stratège militaire qu'a été Napoléon Bonaparte a laissé pour la postérité des académies militaires beaucoup de théories qu'ont été suivies à plusieurs reprises, même aujourd'hui. Mais est-ce que ce général à compris ce que Bonaparte a laissé? Napoléon, son compatriote, a même dit dans ses maximes que les positions défensives en altitude sont difficiles en soi, spécialement si fortement fortifiées. Pour Bonaparte, il était inutile de s’enfoncer dans un carnage pareil. Et il a dit ça un siècle plus tôt que cet été de 1915.

Voyons le témoignage d’un chasseur français qui met en évidence ce que Bonaparte a théorisé.

Bunker allemand au Linge

Le 4 août, à 9 heures du matin, ils commencent à bombarder nos tranchées. C’est terrible, effroyable. Pas une parcelle de terre qui ne soit retournée. Les obus tombés par centaines. On nous donne l’ordre de tenir coûte que coûte. Nous tenons, mais, peau à peau, les tranchées se vident. La première ligne n’existe plus et les Boches arrivent jusqu’à la deuxième ligne, mais là les Alpins arrivent à les repousser à la baïonnette. Alors là, je ne sais plus ce qui s’est passé. J’étais terré sous un rocher pour me mettre à l’abri un peu avant que les Boches arrivent. Un obus tombe en plein dessus. Je suis englouti jusqu’au cou. J’appelle au secours : des copains me dégagent. Je me réfugie dans un autre gourbi. Le bombardement dure toujours. C’est un bruit infernal. La terre tremble sou l’explosion continue des marmites. Les sapins cassent comme des allumettes. Les balles et les shrapnells tombent en une pluie terrible. On croirait un orage de grosse grêle.

Germain, un chasseur du 106^e BCP.

Ne me prenez pas comme admirateur de Napoléon, mais sûrement il aurait suivi sa maxime n°14 :

Aujourd'hui le sommet est une
place bien aménagée et paisible

Parmi les montagnes, on trouve toujours un grand nombre de positions très fortes en elles-mêmes et qu'il est dangereux d'attaquer. Le caractère de ce mode de guerre consiste à occuper des camps sur les flancs ou à l'arrière de l'ennemi, ne lui laissant que l'alternative d'abandonner sa position sans combattre, d'en prendre une autre à l'arrière ou de la descendre afin de vous attaquer. Dans la guerre en montagne, l'assaillant à toujours le désavantage; même dans une guerre offensive en rase campagne, le grand secret consiste à mener des combats défensifs et à obliger l'ennemi à attaquer.

Stratégies de côté, la réalité c'est que les uns et les autres se sont entre-tués laissant le Linge défiguré et les vies de 17 mille jeunes perdus pour quelques mètres de terrain. Une perte de taille qui montre bien tout l'esprit derrière la Grande Guerre.

Coordonnées

Collet du Linge - 48° 5'1.46"N 7° 8'24.59"E

Cimetière militaire français du Col du Wettstein (à 2'700 metres)- 48° 5'18.78"N 7° 7'2.12"E

Cimetière militaire allemand de Hohrod (à 700 metres) - 48° 4' 44.946" N 7° 8' 38.034" E

Je suggère de regarder sur Google Earth. On reste sur une vue de précision et avec des photos en panorama à 360° qui sont vraiment excellentes.

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