Statue en grès des Vosges surplombant Gunsbach |
À la suite du tour en Alsace, les choses de guerre sont remplacées par les choses philosophiques et humanitaires d'Albert Schweitzer. Dans un endroit sympathique, je trouve un peu de détente à côté d'une statue du prix Nobel qui surplombe sa terre d'affection, Gunsbach.
Fils distingué de l’Alsace Médecin,
philosophe chrétien, écrivain, musicien, anthropologue et aussi pasteur
protestant. Il ne sera pas de trop d’ajouter un des grands spécialistes de Bach qu'il a compris et a joué en excellence. Pour couronner tout ça, en 1952 il reçoit le
Prix Nobel de la Paix. Avec son épouse Hélène ils font un duo extraordinaire
avec leur cœur pour l’Afrique, notamment le Gabon où ils ont fondé des hôpitaux
et une Mission. Leur vie est pleine des faits extraordinaires mais aussi de vicissitudes: pendant la Grande Guerre, ils sont fait prisonniers en arrivant d'Afrique à Bordeaux et envoyés dans un camp de concentration aux Pyrénées. Le fait d'être Alsaciens leur donne la couleur de l'ennemi (à l'époque l'Alsace était annexée à l'Allemagne depuis 1870). Plus tard à l'aube de la Deuxième Guerre Mondiale et en comprenant que la guerre s'approchait, Schweitzer part en Afrique et avec soulagement Hélène le rejoint.
Collection d'objets africains du musée de Schweitzer |
À notre arrivée à Gunsbach, tout de suite on voit le bon moment qui nous accueille, une exposition sur les œuvres artistiques
d’Hélène avec une bonne information sur le couple distingué. Une dame sympathique prend la relève dans l'exposition où une bonne collection d’artefacts africains remplit une ancienne classe d'école. Avec fierté, elle me raconte avoir connu la secrétaire d'Albert Schweitzer et que c'était elle qui a fait la collection et à la fin de sa vie a legué au espolio du musée du philosophe chrétien.
Arrivée en Afrique Quand finalement ils partent en Afrique l’arrivée les laisse impactés. Nous embarquons sur l’Alembe, un
bateau à vapeur à fond plat pour remonter le fleuve Ogooué à travers une
végétation luxuriante jusqu’au lieu-dit : Lambaréné. Puis nous montons
dans un canoë qui nous emmène à la mission. Notre nouvelle maison est couverte
de feuilles de palme. La vue est ravissante. Un village africain en paillotes
se situe près du fleuve aux reflets d’argent. Au loin, nous distinguons une
chaîne de montagnes, derrière nous, la colline est plantée d’orangers, de
citronniers, de bananiers ainsi que de caféiers, le tout entouré par la forêt
vierge. Albert s’exclame : « Peut-on rêver d’un endroit plus
poétique ! » Après le souper… nous sommes rentrés chez nous. Le lit
est infesté par une demi-douzaine de cancrelats et une immense araignée. Nous
nous en débarrassons avant de nous installer sous la moustiquaire. (Journal
d’Hélène)
Hélène et Albert Schweitzer |
Hélène
complète l’humaniste et il laisse le savoir, Inconsciemment j’ai dû rêver qu’une femme comme toi entrerait dans ma
vie, avec ses grandes et graves pensées, d’une certaine âpreté, comme un accord
en do majeur. Un sourire naît dans mon visage accompagnant les notes et
pensées de Schweitzer. Il est aussi un homme grave et austère mais avec un
grand cœur. Tout près de la statue d’un écrivain pensif, une plaque laisse son
impression : c’est là-haut que
taillé dans la pierre, je voudrais pouvoir accueillir mes amis, c’est là qu’ils
voudront bien avoir une pensé pour moi, c’est là qu’est née ma philosophie
culturelle. C’est là que j’ai compris Jésus en son temps. C’est là que je me
sentais totalement chez moi.
Maison d'Albert Schweitzer |
Le
philosophe réfléchit sur les questions de la révélation de Dieu et à un moment
donné il paraît qu’il se contredit pour finalement se trouver un peu plus
tard. Tous les problèmes de la religion
se ramènent finalement à un seul : le Dieu qui se révèle en moi est
différent de celui que je discerne dans l’univers. Il m’apparaît dans l’univers
comme une force créatrice mystérieuse et merveilleuse, et se révèle en moi
comme une volonté éthique. Dans le monde il est une force impersonnelle, en moi
il se révèle comme personnalité. C’est vrai que le Dieu de l’Univers
est une force au-delà même de notre complète compréhension. Néanmoins il est
totalement personnel parce que tout simplement Dieu souhaite avoir une relation
avec chaque être humain.
Eglise d'Albert Schweitzer |
Le
pasteur protestant ose parler des béquilles de la foi aux miracles qui ne
conditionnent pas seulement le christianisme. On peut entendre des voix disant : surtout n’enlevez pas au peuple
sa foi aux miracles. Gardez les difficultés en travers du chemin,
contournez-les et évitez tout scandale. Ne lui enlevez surtout pas ses
béquilles. Mais pourquoi devrait-il en être ainsi ? Si nous vivons
effectivement au sein d’une génération tellement irréfléchie et de si peu de
foi, il est de notre devoir moral de lui enlever les béquilles et de répéter
toujours à nouveau : « Le christianisme se situe au delà de la foi aux miracles »
L'exposition sur le couple Schweitzer |
Il
nous laisse réfléchir à ce Jésus qui se fait contraire de sa condition divine,
pour être complètement humain mais sans abandonner sa nature parfaite d’un Fils
de l’Homme qui veut toucher l’être humain. Il
vient à nous comme un inconnu, au nom ignoré, comme au bord du lac il vint à ces
hommes qui ne savaient pas qui il était. Il prononce les mêmes paroles :
Suis-moi ! Et nous désigne les tâches qu’il veut accomplir en notre temps.
Il commande. Et à ceux qui lui obéissent, aux sages et aux simples, il se
révélera en une communion de paix, de labeur, de luttes et de souffrances. Dans
un mystère ineffable, ils connaîtront qui il est.
À l'entrée de l'exposition |
J’avais
un an quand Schweitzer a trouvé l’adresse finale en 1965. Le médecin trouvait
les douleurs de l’homme face à son indifférence à la vie au dehors de la chair. L’immortalité qui ne serait qu’un remède
contre le chagrin n’est pas la vraie. Elle est aussi peu incrustée dans la
pensée des hommes qu’une peinture à l’eau sur un mur, délavé par la première
pluie. Mais, ce qu’il y a de certain, c’est qu’il y a en nous quelque chose
d’impérissable, même quand notre corps se détruit, qui continue à vivre et à
agir partout où passe l’esprit, parce que ce quelque chose vit et agit déjà en
nous maintenant, dès que notre âme, dépassant l’idée de la mort, s’est ouvert à
la vraie vie.
Coordonnées
Maison de Albert Schweitzer - 48° 2'46.56"N 7°10'21.66"E
Eglise de Gunsbach - 48° 2'48.17"N 7°10'30.17"E
Quelques oeuvres d'Hélène Schweitzer-Bresslau
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